de L’ÉTREINTE FUGITIVE

La première fois que j’ai fait l’expérience de désirer un autre homme dont je savais qu’il me désirait aussi, c’était à l’université, et j’ai marché sans but pendant des heures, un jour il y a bien longtemps, pour le suivre. Nous avions tous les deux dix-neuf ans et je n’ai jamais su son nom. Il attendait à l’autre bout du cimetière du campus, à un endroit où les tombes se distinguent à peine des bois.

C’était dans une université du Sud ; ces bois étaient denses, chargés de plantes grimpantes et peuplés d’arbres qu’on ne trouvait pas dans les banlieues de Long Island, où j’avais grandi. C’était un drôle d’endroit où se retrouver pour quelqu’un comme moi. J’étais venu là, à l’université nichée dans les contreforts du Blue Ridge, parce que j’avais aimé, au lycée, un garçon qui venait de cet État, un garçon qui m’avait rejeté lorsqu’il avait compris que je le désirais ; je pensais qu’en allant là-bas, à l’endroit d’où il venait, je pourrais le retrouver, d’une certaine façon, absorber une partie de lui. Je pensais qu’être dans cet endroit, avec ses collines et ses élevages de chevaux, et la crête bleutée et brumeuse de la chaîne de montagnes au loin, me permettrait enfin de découvrir qui était ce garçon. Le fait que j’avais choisi des universités du Sud avait paru étrange aux gens avec qui j’avais grandi ; personne d’autre parmi les cinq cents adolescents de ma classe d’âge au lycée n’avait même posé sa candidature là-bas ; le Sud, pensait-on, était hostile aux Juifs. À Long Island, le Sud exigeait qu’on donne des explications. Bien entendu, je ne pouvais pas leur dire que j’allais là-bas à cause d’un garçon aux cheveux d’un blond éclatant, et je me contentais donc d’observer que l’université que j’avais choisie avait un département d’anglais réputé. On avait toujours supposé que je ferais des études de littérature ; les gens semblaient s’en satisfaire.

Mais quoi que j’aie pu dire, à eux et à moi-même, je me suis rapidement senti chez moi là-bas, contre toute attente. J’allais à des fêtes fréquentées par des garçons aux cheveux blonds et aux corps tellement amincis que leurs pantalons kaki et leurs chemises en Oxford rose à col boutonné flottaient autour d’eux comme des drapeaux, tandis qu’ils parlaient des endroits d’où ils venaient, des endroits que chacun d’eux connaissait, mais qui avaient pour moi des sonorités étranges et magnifiques, pour moi qui avais grandi dans un endroit qui n’existait pas un mois avant ma naissance. Ils parlaient de villes où leurs familles avaient vécu depuis dix générations. Je me rendais dans leurs maisons, des maisons qui avaient des cimetières de famille sur la propriété même, je voyais au-dessus des manteaux de cheminée les portraits de beaux soldats morts, portant les uniformes d’une nation vaincue, je comprenais que pour les femmes (que je ne désirais pas, mais dont la beauté soignée avait toujours un effet sur moi) les règles élaborées de la beauté et des manières en société qu’elles appliquaient aux autres à peine plus durement qu’à elles-mêmes n’étaient pas détachables du reste de leurs vies, mais étaient plutôt, comme les maisons et les noms qu’elles transmettaient, des moyens d’affirmer qui elles étaient, à quelle culture et à quelle histoire elles appartenaient. C’était là une culture que je pouvais comprendre, une culture qui avait créé une épopée romantique à partir d’une grande défaite, une civilisation qui avait su endurer la perte et des privations réelles parce qu’elle croyait en son propre mythe d’une beauté perdue, dont la possession, aussi brève et aussi lointaine fût-elle, avait élevé les exquis et déliquescents vaincus au-dessus des vulgaires et pratiques vainqueurs. C’était une fable que j’avais déjà entendue, assis sur les genoux de mon grand-père, pendant qu’il me parlait de sa famille, une famille de beautés délicates transformées en victimes par la guerre, par la pauvreté inattendue, par les manoeuvres cyniques de parents plus pratiques, moins nobles ; et c’était une fable que j’allais inconsciemment rechercher là, à l’université, en étudiant les Grecs, une autre nation vaincue qui s’était accrochée, dans la misère, à la croyance en sa supériorité sur ses vainqueurs. Graecia capta ferum victorem cepit et artes / intulit agresti Latio…, a écrit le poète Horace : « La Grèce captive a conquis son brutal envahisseur et a apporté les arts dans l’Italie sauvage. » La culture sudiste, je m’en apercevais, avait du sens pour moi.

J’étais donc là dans ce cimetière près du bois si dense, à regarder fixement ce garçon. Je l’avais déjà vu. Sur le campus, dans des salles de classe, dans des fêtes, il apparaissait comme une illusion d’optique, ou comme le symptôme d’une nouvelle et étrange maladie de l’oeil, ne semblant exister qu’à la périphérie de mon champ de vision, se faufilant hors d’une salle de conférence à l’instant où j’y entrais (ce qui se produisit une après-midi, je m’en souviens très nettement, au début d’un été brûlant, alors que l’année scolaire finissait, je suis entré dans l’une de ces salles pour assister à la dernière séance d’un cours qui portait sur la Comédie de Dante, un cours durant lequel le professeur – un homme de haute taille, qui ne semblait pas à l’aise dans son corps anguleux, et dont les étudiants polis et bien récurés trouvaient drôles les gesticulations amples et clownesques, trop jeunes qu’ils étaient pour reconnaître la tristesse quand ils étaient confrontés à elle ; un homme qui n’était pas italien, en fait, mais hongrois, un réfugié politique qui avait fini, de manière improbable, dans cette ville du Sud où il faisait bon vivre – le professeur m’a dit, quand je lui ai demandé pourquoi on considérait comme un châtiment l’étreinte éternelle de Paolo et de Francesca, les amants adultères, puisque c’est à cette étreinte même qu’ils aspiraient, que « certains plaisirs, à force d’être répétés, commencent à ressembler à la souffrance »), ou bien se dépliant depuis la chaise en plastique étroite de la bibliothèque au moment précis où je passais, m’avançant silencieusement entre les rayonnages comme si ce que je cherchais était un livre. C’était dans la bibliothèque que je l’avais vu le plus souvent et chaque fois que je l’y croisais, pour le voir partir quelques secondes plus tard, je ne manquais pas d’exprimer de façon ostentatoire la déception de n’avoir pas trouvé le volume que j’étais censé chercher. Je faisais un grand geste impatient en direction d’un espace vide imaginaire sur une étagère, ou bien je secouais la tête comme si j’avais été sidéré par l’incompétence des bibliothécaires. À l’époque où tout cela avait lieu, quand j’avais dix-neuf ou vingt ou vingt et un ans, j’aurais pu me convaincre moimême que tout ce cirque ne visait qu’à tromper les autres – des gens qui auraient pu avoir une connaissance secrète, cachée, bien à eux (condisciples plus âgés, professeurs), et qui auraient à coup sûr deviné les mobiles de mes gestes furtifs à travers ces kilomètres de livres. Mais aujourd’hui je n’en suis plus très sûr.

Ce dont je me suis rendu compte, même à cette époque-là, c’est que, après quelques mois de ces rencontres apparemment dues au hasard, j’avais développé un véritable tic déambulatoire. Chaque fois que j’entrais ou que je sortais d’une salle de classe ou d’un réfectoire, je ralentissais soudain mes pas, comme on passerait un film au ralenti, afin de mieux fixer le moment précis où ce garçon grand et inconnu – dont les amis n’étaient pas mes amis, dont la mèche de cheveux sombres tombant sur un oeil, toujours le même, était une vision qui me coupait le souffle, me laissant à la fois extatique et miséreux – allait soudain apparaître.

Je savais qu’il savait que je l’observais. Au printemps de ma deuxième année, il y eut un début de soirée au cours de laquelle je me suis retrouvé à une fête dans un jardin saturé de l’odeur d’oignon frais des fleurs de magnolia qui avaient été piétinées. Sous les arbres, on voyait des duos et des trios d’étudiants, leurs voix déformées par l’alcool et l’attente du sexe. De là où j’étais assis, sur un banc presque caché par des buissons bas près d’un mur qui serpentait, je pouvais me concentrer, sans être vu, sur un groupe de trois personnes. Il y avait deux garçons et une fille qui me tournait le dos. Elle portait une robe blanche écrue ; des mèches blondes flottaient sur son cou rose et humide. Sous une de ses chaussures couleur crème saillait la pointe d’un noeud papillon en soie noire, telle une langue malade sous une lèvre pâle. L’un des garçons était agenouillé et faisait semblant de supplier, tirant sur la langue noire : quoi qu’ait pu être le jeu, il était clair qu’elle avait gagné. Alors qu’il était penché pour récupérer le noeud papillon, il a soudain levé les yeux, droit vers moi. C’était lui, de toute évidence. Ses yeux n’avaient aucune couleur particulière – sombres sans être vraiment marron, une couleur d’algues plutôt, quand elles sont encore mouillées par la mer. Ces yeux et les miens se sont fixés avec une telle force que vous auriez pu entendre le clic.

Tout cela n’a duré que quelques secondes, mais c’était suffisant ; au moment où nous nous étions regardés, il y avait eu une parfaite complicité entre nous, aussi claire que si nous avions parlé. Après ça, il s’est soudain redressé, m’a tourné le dos et a tendu le noeud papillon à son ami. Mais le geste était mou; toute la drôlerie de leur jeu avait disparu. Moi seul, j’étais satisfait, parce que j’avais compris qu’un nouveau jeu venait de commencer et que lui et moi étions les seuls à y jouer.

Six mois plus tard, il se tenait à la lisière d’un cimetière dont les pierres tombales à l’abandon penchaient au-dessus de la boue du mois d’octobre, comme des dents tordues sur de mauvaises gencives. C’était le moment de l’année où les examens du milieu de semestre ont lieu, mais personne n’avait jamais été tout à fait sûr que ce fût à cause de ça ou bien parce qu’en cette saison la pluie tombait sans cesse et que le ciel avait perdu son soleil, que des générations d’étudiants, plutôt de première année, avaient baptisé ces automnes humides du Shenandoah « le temps du suicide ». Partout, il y avait de la boue : sur les chemins aux motifs de briques très élaborés qui vous conduisaient vers les bâtiments néo-classiques de brique et de plâtre où avaient lieu les cours, sur le sol des dortoirs et des réfectoires. La boue recouvrait vos chaussures, léchant vos chaussettes à travers les semelles, collant à l’ourlet de votre pantalon. Nous autres, frais émoulus du lycée, nous pensions que « le temps du suicide » était une plaisanterie jusqu’à ce que, à la fin de cette première moitié de l’automne, un étudiant de deuxième année qui logeait dans un dortoir du nom de Bonnycastle – ou peut-être était-ce dans le dortoir voisin, celui où se trouvait la station de radio des étudiants, dont j’étais le DJ de six heures à neuf heures du matin – se tire un coup de fusil dans la tête après les examens. Nos plaisanteries sont devenues circonspectes et nous avons travaillé plus dur.

J’étais venu au cimetière pour accomplir une mission à laquelle je ne trouvais rien de macabre, à l’époque – un devoir donné par un professeur de littérature classique. C’était un homme encore jeune, mais déjà raté, qui portait des pantalons kaki aux plis impeccables et des vestes en tweed avec des pièces bien visibles aux coudes, comme si elles avaient pu le protéger contre les indignités des procédures pour obtenir un poste. Jeunes comme nous l’étions, ceux d’entre nous qui assistions deux fois par semaine à son séminaire de prose grecque de deuxième année pour lire l’élégant et vain discours de défense de Socrate savions que ce professeur était en quelque sorte un raté, et cette connaissance nous rendait parfois cruels ; quand nous murmurions, au cours de notre progression pénible dans la lecture de l’Apologie de Platon, ce n’était pas seulement pour traduire le grec. Cet homme – que je n’aimais pas à l’époque et qui est mort depuis, encore assez jeune, faisant don de sa bibliothèque aux étudiants de troisième cycle de l’université où, pure coïncidence, j’allais faire ma thèse de littérature classique et où, sous l’effet d’une émotion complexe que mes condisciples ne pouvaient partager, j’ai récupéré, pas moins avide en dépit de ma culpabilité secrète, le lot de livres qui m’étaient alloués (l’Olympia de Drees, Fränkel sur Horace) –, cet homme nous avait donné pour mission de localiser une tombe. C’était la sépulture d’un éminent spécialiste de littérature classique qui avait vécu au dix-neuvième siècle, dont l’épitaphe, nous avait-on dit, était un vers d’une tragédie. Nous devions trouver la tombe et copier l’épitaphe ; puis la traduire. Je n’arrive pas à me souvenir à présent s’il y avait une récompense à la clé.

Je n’ai vu aucun de mes camarades de classe fouiller dans le cimetière ce samedi après-midi-là, comme je le faisais moi, luttant avec le lierre à l’odeur de médicament qui était collé aux pierres tombales et laissait des petites marques brunes sur la pierre quand on finissait par l’écarter. À l’époque, la requête du professeur m’a sans doute paru moins étrange qu’à mes trois camarades du cours de grec intermédiaire. J’étais, à ce moment-là, déjà habitué aux tombes. Quelques années plus tôt, j’avais passé l’été à arracher le lierre recouvrant les pierres tombales de membres de ma famille dans des cimetières très différents de celui-ci, dans les vastes cimetières juifs surpeuplés qui forment une immense, presque pharaonique, nécropole à cheval sur la frontière séparant Brooklyn du Queens. Mount Judah, Cypress Hills : j’ai fini par connaître la provenance biblique et classique de ces noms, mais jusque-là ils m’avaient semblé des légendes appropriées aux images qu’ils évoquaient. Des arbres indifférents et des pierres mortes étaient tout ce qu’il y avait à voir là-bas. Pourtant, dans la profusion enchevêtrée de ces pierres hautes et étroites, adressant désormais leurs éloges funèbres bilingues aux gaz d’échappement des voitures qui passaient, c’était comme si on avait pu apercevoir l’ombre des vies compartimentées que ces morts avaient vécues. Comme avait vécu, par exemple, la soeur de mon grand-père, morte en 1923 à l’âge de vingt-six ans, une semaine (disait la légende) avant son mariage. Il y a un monument qui lui est dédié là-bas, au fond de notre grande concession familiale. Il est en granit gris et a la forme d’un tronc d’arbre dont quelques branches naissantes au sommet auraient été coupées brutalement, à deux têtes environ au-dessus de celle d’un homme de taille normale. Au niveau du regard, dans une sorte de turgescence formée par deux branches sculptées a été placée une plaque de porcelaine ovale ; sur elle a été fixée la photographie de cette jeune femme. C’est la même image que celle qui se trouvait, dans un format bien plus grand, dans l’appartement du Bronx de mon grand-père, jusqu’à ce que les protestations de sa fille, à l’adolescence, le poussent à la décrocher (« Pourquoi toujours des photos des morts ? » s’était plaint ma mère). Dans une pose de trois quarts qui soulignait au mieux ses fameux grands yeux sombres et la ligne édouardienne de sa mâchoire arrondie, ma grand-tante, qui est de plus de dix ans ma cadette sur cette photo au moment où j’écris, a l’air pensive, mais amusée tout de même – comme si elle avait su tout du long pour quelle raison elle avait posé et, au bout de compte, ne s’en était pas vraiment préoccupée. Déjà, à un âge précoce – onze, douze ans ? –, j’avais été attiré par cette tombe, avec son iconographie surdéterminée de beauté et de deuil, sa porcelaine intacte et sa pierre tronquée. Même si elle était toujours la dernière sur la liste de celles que nous devions visiter chaque année – d’autres chagrins, plus récents, avaient la priorité –, c’était néanmoins celle que j’examinais le plus avidement. Lentement, avec plaisir, mes doigts parcouraient les ondulations nettes des caractères hébreux qui, par contraste avec ce visage ironique et éloquent, devaient rester muets jusqu’au jour où mon grand-père traduisit hâtivement pour moi la brève inscription dans la pierre – selon laquelle c’était la tombe d’une vierge, ha’betulah, d’une fille qui était morte avant son mariage. La pierre tombale ne précisait pas ce que mon grand-père, qui me racontait scrupuleusement l’histoire et les mythes de sa famille, devait me dire par la suite bien des fois : que le mariage avait été arrangé, que la mariée avait été donnée à son riche cousin et qu’en échange il paierait la traversée en bateau du reste de la famille, très pauvre, vers l’Amérique ; que la mariée était grande et belle, que le marié était bossu et marqué par les cicatrices de la variole ; qu’après la mort inattendue de la mariée, sa jeune soeur avait été contrainte d’épouser le même homme, pour acquitter la dette de sa famille à elle envers sa famille à lui ; que cette soeur allait, elle aussi, mourir très jeune et tragiquement. Ces vies étaient chaotiques ; l’inscription dans la pierre maintient un certain décorum.

Des années après ces visites au cimetière, alors que j’étais un étudiant de troisième cycle me servant avec une certaine culpabilité de livres légués par l’autre professeur, bien moins aimé que mon grand-père, j’allais faire une thèse sur la figure, entre autres, de « la jeune épouse de la mort » dans la tragédie grecque – sur les filles qui (comme l’Antigone de Sophocle, par exemple) meurent juste avant le mariage, se sacrifiant pour leurs familles, pour leurs cités, pour leur honneur parfois. Je ne peux pas comprendre, à présent, comment je n’ai pas établi ce lien plus tôt. Et alors que je poursuivais inconsciemment la figure de ma belle Juive morte dans des textes païens, transmis tout d’abord par des érudits d’Alexandrie, puis par des moines grecs orthodoxes, j’ai commencé à écrire aussi sur la culture gay et j’ai donc passé beaucoup de temps à regarder des images, à lire des textes consacrés à des jeunes gens et des textes écrits par eux, essentiellement des hommes qui eux aussi étaient morts trop tôt : les beaux « Grecs » morts de notre ère. Mais c’est clairement bien plus tôt, bien avant que mon goût pour la Grèce classique ou pour les autres hommes ne se soit épanoui – les deux sont liés dans mon esprit, la culture païenne et les actes païens –, que j’ai compris, pour la première fois, l’attrait qui s’attache aux histoires de beauté et de disparition. C’est là, dans le ghetto surpeuplé des morts de l’immigration juive, que j’ai compris pour la première fois le plaisir de déchiffrer les récits, de dénouer les significations secrètes et saturées des écritures sinueuses dans lesquelles elles avaient été enroulées.

Je n’ai donc rien trouvé d’étrange à l’exercice que mon professeur de grec nous avait donné à faire, ce jour-là en 1980. C’est juste après avoir trouvé l’inscription que je cherchais, en partie cachée par la terre qui avait gonflé comme un pain à la base de la pierre tombale, que j’ai vu le garçon à la périphérie de ce cimetière de Virginie, et je savais qu’il attendait que je le suive.